22 Mars 2017
INSCRIPTIONS SUR LE SITE DE L'UNIVERSITÉ DE GRENOBLE DU 10 AVRIL AU 19 MAI
Dans un grand classeur noir, qui se feuillette comme un livre ancien, les étudiants ont glissé leur collecte du jour.
Un texte de Michel Fano, réalisateur du Territoire des autres, un poème de Nikita, l’histoire de Bébé Nzé la panthère née en captivité, contée par Natyvel.
Ce soir, ils verront la première lettre de l’abécédaire de Gilles Deleuze : A comme animal.
Car cette année, le film collectif s’engage sur cette piste. Celle de l’altérité non parlante qui parle de nous, des autres vivants qui nous regardent, celle de notre monde commun, celle de la douleur et de la tendresse, du meurtre et de la compassion.
Comment filmer ce qui nous lie aux bêtes, ce qui nous en sépare ? Mais aussi comment faire un film à 12 qui soit un film d’auteurs ? Comment rendre possible un point de vue commun qui ne soit pas celui du plus petit dénominateur commun, comment proscrire le consensus tout en laissant la place à chacun et aux autres. Le film collectif affirme l’importance d’aller au bout d’une idée, d’une tentative. Il dit qu’on ne pense pas seul mais qu’on peut résister à la pensée commune.
Cet exercice questionné chaque année, chaque année réinventé, demeure une étape essentielle de cette formation née il y a 17 ans de la rencontre audacieuse entre l’Université de Grenoble et Ardèche images.
Cette année de Master est courte pour son intensité. En moins d’un an, les étudiants en réalisation auront suivi 2 mois et demi de cours théoriques à la fac, appris à se servir des outils du cinéma, réalisé trois films et écrit un projet susceptible d’être produit dans les deux ans à venir grâce aux Rencontres Premiers Films. Ils auront vu et commenté passionnément des dizaines et des dizaines de films dans la salle de cinéma de Lussas, avec leurs camarades de l'option production, créée en 2008. Après les cours pris en commun à Grenoble avec les réalisateurs, les étudiants producteurs suivent à Lussas, en compagnie de stagiaires en formation continue, des ateliers professionnels. Avant de partir pour un stage de trois mois et pendant que leurs camarades arpentent le territoire du film collectif, ils s’attellent à « filmer une parole » pour mieux comprendre ce que réaliser veut dire.
À chaque étape de cet apprentissage, indissociable de l’expérience vécue et partagée dans ce village, les étudiants sont accompagnés par des auteurs-réalisateurs, des techniciens, des producteurs, des professionnels, engagés à leurs côtés…
L’engagement est peut être, s’il fallait en trouver un, le maître mot ici.
En été, le premier jour des États généraux, les étudiants sortants rencontrent ceux qui arrivent. Ils leur confient les secrets des meilleurs gîtes et bien d’autres choses encore.