28 Novembre 2010
Eliane Delatour est anthropologue et cinéaste de films documentaires (Comptes et contes de la cour) et de fictions. Bronx-Barbès et Après l'océan ont été écrits à partir d'un long travail d'enquête anthropologique, le scénario de fiction prenant en charge du côté de la mise en scène la somme, complexité et la "vérité" du travail scientifique.
Pour Abel Gance, “ ce qui compte, ce n'est pas l'image; l'image n'est que l'accessoire du film. Ce qui compte, c'est l'âme de l'image.” L’accent est mis sur la fidélité à ce que l’on ressent plus qu’à la fidélité aux apparences de l’objet qui suscite ces sentiments. C’est de l’intérieur que la réalité se découvre, donnant une impression de connaissance dans le partage. On a souvent opposé l’art et la science qui pourtant participent d’un même mouvement : aller des apparences à l’invisible, du connu à l’inexploré en passant pas l’interprétation. Les sciences sociales s’enrichissent aussi bien de l’expression romancée que d’essais ou de livres théoriques. Zola, Balzac… ont autant contribué à la connaissance sociale de leur siècle que la sociologie ou l’histoire. Ne pourrait-on renverser le problème et dire que le gage d'un bon travail anthropologique serait de pouvoir tirer un scénario de fiction qui fonctionnerait de bout en bout puisqu’il s’appuie sur l’analyse minutieuse des pensées et des comportements humain ?
Eliane Delatour
Extrait de l'article "Voir dans l'objet". Documentaire, fiction, anthropologie qu'Eliane Delatour a transmis aux étudiants du Master en préparation du cours "Cinéma et anthropologie" les 21 et 22 octobre, à Grenoble (université Grenoble 3).