7 Décembre 2011
Une caméra ne peut capter que ce qui offre une surface visible. Comment faire, alors, pour parvenir à filmer ce qui —comme la pensée, mettons— n’en a pas ? En filmant la parole. En filmant l’autre en tant qu’être de parole.
Par le fait de se raconter, une personne s’inscrit verbalement dans le monde ; en racontant son monde, elle raconte le Monde.
Le cinéaste qui filme la parole ouvre un espace d’écoute —une écoute attentive, critique, respectueuse des temps dont le discours, le récit, ont besoin pour se construire, pour s’épanouir. Il écoute et observe, car quiconque parle devant une caméra offre son corps en tant que surface visible, un corps qui même à son insu s’exprime aussi (…)Dans l’acte de filmer, l’observation et l’écoute se rejoignent pour déceler, des concordances et discordances d’un flot simultané de mots et de gestes, la parole signifiante, celle qui révèle l’être.
Oui, la voix c’est l’âme faite corps.
Alain Paul Mallard, écrivain, réalisateur, intervenant à Lussas