21 Septembre 2013
Le cours "Cinéma & Histoire" de cette année concernera l'anonymat, l'art de l'anonymat, le point d'anonymat. Il ne privilégiera pas les seules grandes dates, lignes ou figures historiques.
Il prendra comme point de départ un texte de Jean-Claude Biette, "Poétique des anonymes", qui propose notamment une réflexion sur les "plans bruts" de la Seconde Guerre mondiale ; il passera par la "caméra anonyme" de Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi, comme celle de bien d'autres cinéastes très différents, dont certains nous sont très contemporains (par exemple Arnaud des Pallières et son "Poussières d'Amérique", 2011) ; il soulignera l'approche "décentrée" que le cinéma peut avoir de l'Histoire.
Plusieurs des films qui seront étudiés retiennent les laissés-pour-compte de l'historiographie traditionnelle. Cette attention à l'ordinaire, au quelconque, au mineur, aux "à-côtés" (selon le terme qu'emploie Nicole Vedrès au sujet de son film "Paris 1900", sorti en 1946) sera un des aspects retenus. Il s'agira d'aborder une histoire de l'ordinaire autant que des "rêves d'histoire" (Philippe Artières). Le livre de Siegfried Kracauer, "L'Histoire : des avant-dernières choses" rapproche également l'écriture de l'histoire avec le travail cinématographique.
Cette question de l'anonymat, sans doute plus problématique que la seule question du "figurant", permettra de réfléchir aux problèmes de l'archive cinématographique et semble avoir des affinités toute particulière avec le documentaire de création.
Robert Bonamy est Maître de conférences à l’Université Stendhal, éditeur (De l’Incidence), et auteur du livre Le Fond cinématographique, à paraître chez L’Harmattan en 2013.