21 Septembre 2013
Le cours entend interroger la modernité cinématographique portugaise, notamment dans son rapport à la politique. Il s’agit de comprendre en quoi les œuvres des principaux cinéastes des années soixante et soixante-dix, Manoel de Oliveira, le couple António Reis/Margarida Cordeiro, João César Monteiro, ont questionné et complexifié les frontières entre documentaire et fiction pour mieux s’attaquer au cinéma de propagande salazariste – dans lequel le réel est manipulé afin d’illustrer le discours officiel. Pour cela, trois types d’œuvres seront étudiées : des documentaires sur les zones reculées du Portugal, qui montrent les conditions de vie difficiles des populations oubliées par le régime, des films sur le passé du pays, qui contredisent la vision officielle de l’Histoire portugaise et dénoncent la politique coloniale de Salazar, et des autoportraits filmiques, qui bouleversent les modalités de définition de l’identité, dans la lignée de la poésie d’un Pessoa, et mettent en cause la vision réductrice de l’être humain au cœur du système conservateur mis en place par la dictature.
Guillaume Bourgois est maître de conférences en Études cinématographiques à l’université Grenoble 3 – Stendhal. Auteur d’une thèse intitulée Poétique de la divergence : le cinéma d’Oliveira à la lumière de Pessoa (et de Godard), il travaille essentiellement sur le cinéma portugais (Oliveira, Rocha, Reis/Cordeiro, Gomes, Mozos) et s’intéresse aux rapports entre cinéma et littérature, en particulier entre cinéma et poésie. Il participe également à un groupe de recherches à Paris 8 sur le film Histoire(s) du cinéma (1988-1998) de Jean-Luc Godard. Il est également l’auteur de Angélica ! L’étrange affaire Angelica de Manoel de Oliveira, à paraître chez De l’incidence, en septembre 2013.